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Success Story #6 - Lydia El Bouzzati, ingénieur pour les politiques publiques du secteur de l'énergie

Success Story #6 - Lydia El Bouzzati, ingénieur pour les politiques publiques du secteur de l'énergie

Voici la 6e entrevue du programme de Success Stories qui a pour objectif de mettre en valeur les anciens élèves de notre école à travers d'interviews présentant leur parcours.

Pour ce sixième témoignage, Sylvie Gervais a pu s'entretenir avec Lydia El Bouazzati, promotion Informatique 2005.

 

Bonjour Lydia et merci d’avoir accepté de témoigner. Pourrais-tu te présenter en quelques mots ?

Je suis Lydia El Bouazzati, diplômée de l’ENSEIRB en 2005, filière informatique et option sûreté de fonctionnement. Je suis une maman, un ancien ingénieur en pétrole et gaz et je me réoriente maintenant vers la politique publique pour le secteur de l’énergie.

 

OK, vaste domaine, tu peux nous en dire un peu plus ?

Pour un pays ou une région donnée, il s’agit de penser et mettre en place une stratégie de production et de consommation de l’énergie pour les années à venir. Ces stratégies vont servir un objectif qui peut être l’amélioration de l’accès à l’électricité pour les populations isolées, l’indépendance énergétique vis-à-vis de pays producteurs, la réduction des effets du changement climatique, entre autres. Elles peuvent agir dans les domaines de la production d’électricité, des transports, du bâtiment, de l’industrie, et aussi de l’agriculture et de la gestion des déchets. Une bonne stratégie se doit de tenir compte de plusieurs aspects : technologique, démographique, économique, légal, environnemental, voire anthropologique et géopolitique.

 

C’est un domaine effectivement très intéressant, peut-être éloigné de tes études à l’ENSEIRB, alors pourquoi as-tu choisi l’ENSEIRB-MATMECA ?

C’était un peu par hasard. J’ai fait mes classes préparatoires à Rabat au Maroc. Après cela, ma vie était toute tracée, identique à beaucoup d’autres : une école d’ingénieur au Maroc puis un travail au Maroc. Quand j’ai réalisé que tout était écrit à l’avance et qu’il n’y avait aucune place pour l’aventure, j’ai décidé que ce ne serait finalement pas ma vie. Je suis donc partie faire mes études à Bordeaux, à l’ENSEIRB. Je voulais découvrir un pays et une culture différents, une façon d’étudier et de travailler différente et élargir mes horizons. 

 

Donc tu as voulu faire autre chose que ce qui était tracé, mais ça n’a pas été trop difficile pour t’adapter ?

Non, je n’ai pas eu de difficultés d’adaptation. J’ai eu la chance de construire de grandes amitiés à l’école et ma soif de découverte a été comblée. J’ai beaucoup appris et j’en suis très reconnaissante à l’ENSEIRB.

 

Et tu n’as pas regretté ton choix car tu as vite trouvé ta place à l’école, notamment en participant aux activités. Parle-nous de tes expériences à l’AEI et au Forum !

J’ai été comptable au sein d’AEI. Je ne connaissais rien à la comptabilité et j’ai pris le poste pour apprendre, justement. Je n’ai pas été déçue, notamment grâce à l’accompagnement de l’expert-comptable de KPMG pendant la clôture des comptes. Cela m’a permis de compléter ma formation à l’école avec des compétences totalement différentes et très utiles dans le monde de l’entreprise.

J’ai aussi été responsable du Forum de l’école. Nous étions une équipe de douze personnes et nous avions beaucoup d’ambition pour le développement du Forum. Nous avons augmenté le nombre d’entreprises participantes, transmis les offres de certaines entreprises non-participantes aux élèves, développé le site Internet et des supports de communication nouveaux, et fait tellement de choses ensemble. Nous avions travaillé très dur et avions été soutenus par le service communication de l’école. Cette expérience fut très enrichissante. En parallèle, j’avais veillé à ce que mes acquis à AEI profitent au Forum et inversement.

 

Après ces expériences positives, dis-nous quels sont les cours qui, aujourd’hui encore, te servent le plus.

Techniquement, je me suis beaucoup éloignée des domaines d’enseignement de l’école mais il m’arrive de me servir de certains enseignements très théoriques, notamment ceux en mathématiques appliquées du professeur Denis LAPOIRE.

Les cours de sûreté de fonctionnement, qui fut mon option de 3e  année, me servent aussi à réfléchir en termes de fiabilité, maintenabilité et disponibilité des systèmes. C’était un enseignement très transverse, applicable à diverses industries.

 

Peux-tu nous présenter maintenant ton parcours professionnel ?

J’ai effectué mon stage de troisième année chez Total où j’ai analysé la fiabilité de systèmes de protection contre des hautes pressions installés sur des installations pétrolières. Lors de ce stage, j’ai beaucoup apprécié la technicité de l’industrie pétrolière et le travail avec des technologies de pointe pour repousser les limites de faisabilité. J’avais aussi été fascinée par cette vie nomade où les ingénieurs changeaient régulièrement de pays. Leur vie professionnelle me paraissait épanouissante techniquement et culturellement.

Malgré une formation éloignée de celle requise pour travailler en ingénierie du pétrole et du gaz, j’ai réussi à convaincre Total de me recruter. Et après un an au siège à Paris, je me suis envolée pour l’Angola. J’ai d’abord travaillé un an à Luanda, la capitale, comme responsable de projets de construction. Puis je suis partie sur un site pétrolier en mer pendant deux ans pour m’occuper du support technique à la production. Cette affectation a été mon expérience professionnelle la plus enrichissante techniquement et humainement. Il s’agissait de gérer une énorme usine flottante, le FPSO Girassol, où plusieurs systèmes interagissent, depuis les puits à 1500 mètres de profondeur d’eau – les gisements étaient à des kilomètres de profondeur sous terre – jusqu’à l’export d’huile et de gaz. Une compréhension à la fois détaillée et globale de l’installation était nécessaire. J’étais aussi souvent la seule femme à bord, et jeune. C’est un défi que je suis contente d’avoir relevé.

Par la suite, je suis retournée à Paris pour travailler sur la conception de nouvelles installations, riche de mon expérience à les construire et à les exploiter. J’ai donc acquis cette double compétence « terrain » et « bureau » et j’ai essayé de développer chacun de ces deux aspects en profitant de mon expérience de l’autre.

En parallèle de tout cela, j’ai commencé à m’intéresser à d’autres problématiques liées à l’énergie, notamment la pauvreté énergétique dans le monde, la décarbonisation du secteur de l’énergie et l’intersection entre l’énergie et la géopolitique. Cet intérêt a grandi, et au bout de mon affectation à Paris, j’ai décidé de faire autre chose.

 

Et cest comme ça que tu as repris tes études ?

Oui, j’ai voulu approfondir mes connaissances des problématiques globales de l’énergie, passer de la résolution de problèmes techniques d’une installation pétrolière donnée à d’autres plus transverses et impliquant un autre type de compétences. J’ai voulu le faire dans un environnement différent, voir comment on étudie et travaille autre part. J’ai donc pris mes bagages, ma famille, et nous sommes partis aux Etats-Unis découvrir cette autre culture. Heureusement, mon mari a un métier qui nous permet une grande flexibilité géographique.

 

Peux-tu nous parler de tes études ici ?

Je viens de finir le dernier semestre de mon master en « Global Affairs » à l’Université de Yale. C’est une formation de deux ans où chaque étudiant se forme sur un sujet global et transverse de son choix. Il s’agit pour nous d’approfondir nos connaissances des problématiques qui nous intéressent et d’explorer leurs intersections avec d’autres. Les sujets sont très divers : la réduction de la pauvreté, les défis sociaux et légaux des nouvelles technologies, le contre-terrorisme, la reconstruction des états défaillants, et d’autres. Pendant la formation, chacun prend des cours à l’université, travaille pour des organisations diverses et fait de la recherche avec des professeurs.

Pour ma part, j’ai pris plusieurs cours d’économie, c’était indispensable pour comprendre le secteur de l’énergie et c’est aussi ce qui fait tourner le monde ! J’ai aussi étudié le secteur de l’électricité qui, dans plusieurs pays développés, connaît des problèmes importants de vieillissement des infrastructures et d’inadaptation aux nouveaux modes de production électrique. Dans un de mes projets j’ai travaillé pour l’état du Connecticut sur la décarbonisation du secteur des transports où j’ai exploré les différentes politiques qui pourraient y contribuer. Dans un autre, j’ai travaillé pour une start-up innovante en stockage d’électricité pour identifier les états dont les législations seraient les plus favorables à leur premier projet. J’ai aussi étudié différents aspects de l’intersection entre l’énergie et l’anthropologie, la finance appliquée à l’énergie, les défis technologiques et politiques des énergies renouvelables, les problématiques d’accès à l’énergie et bien d’autres sujets passionnants.

 

Tout ça parait éloigné de la politique de Donald Trump...

Oui, c’est vrai. Seulement, le président américain peut prendre des décisions concernant la politique nationale mais les états fédéraux ont une très grande liberté et ils peuvent faire passer leurs propres lois sur plusieurs sujets, notamment en matière de dépollution. A ce niveau, beaucoup de travail est entrepris pour repenser l’énergie et ses défis.

D’autre part, l’environnement académique où je suis est imperméable aux idées de Trump. Les personnes que je côtoie lui sont très opposées.

 

Que souhaites-tu faire dans les 5 prochaines années ? Dans quel pays seras-tu ?

Où que je sois, je souhaite travailler dans le secteur public ou dans une organisation internationale pour contribuer à écrire et implémenter des politiques énergétiques. Je ne sais pas encore où ce sera. J’espère que ce sera une nouvelle découverte !

 

En qualité de jeune femme as-tu rencontré des difficultés particulières dans ton travail ?

Oui, il m’est arrivé d’avoir quelques défis relationnels à relever du fait que j’étais une femme. L’environnement de travail dans l’industrie pétrolière est très masculin du fait de la faible représentation des femmes dans les métiers techniques mais aussi du fait de la structure très traditionnelle des familles des salariés où, souvent, l’homme travaille et la femme est à la maison. J’ai parfois eu le sentiment qu’on observait un peu plus mon travail que celui de mes collègues masculins, voire même qu’on m’attendait au tournant.

 

As-tu des contacts avec des anciens élèves qui sont aux USA ?

Non, je n’ai malheureusement aucun contact avec d’anciens élèves qui résideraient aux Etats-Unis. Il se trouve que j’habite une petite ville universitaire, la probabilité de rencontrer des Enseirbiens est minime.

 

Pour conclure cet entretien, je voudrais saluer le travail de l’Association des Anciens de l’école. Elle est menée par des personnes qui ont la grande ambition de développer et faire « vibrer » (comme on dit ici) le réseau des anciens. Dans ma nouvelle université, le réseau des anciens est très dynamique, c’est un vrai levier pour trouver des stages, du travail ou simplement trouver des informations. Le réseau de l’ENSEIRB-MATMECA a tout à gagner à fédérer de nombreux adhérents derrière cette équipe.

 

Merci beaucoup Lydia d’avoir accepté cette interview. Je te souhaite de réussir ce nouveau challenge, de trouver un travail qui tintéresse et de profiter pleinement de ta petite famille.